Maurice Marinot naît à Troyes le 20 mars 1882.
Il est le dernier d'une famille de trois enfants, son père est bonnetier.
Il fait ses études au lycée de Troyes, où se révèlent déjà ses dons de caricaturiste, se faisant la main sur ses camarades et ses professeurs.
Il convainc en 1901 ses parents de l'envoyer à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris où, jusqu’en 1905, il intègre l'atelier de Fernand Cormon. Il fait des croquis saisis sur le vif, dans la rue, au café, au théâtre. Après de bons débuts, Cormon accepte mal l’esprit non conformiste de son élève et le chasse, malgré le soutien de ses camarades.
Maurice Marinot expose à côté des Fauves (Matisse, Derain, Vlaminck, Van Dongen...), au Salon d’Automne de 1905, ses premières peintures aux couleurs vives, et est associé par la presse au scandale que provoquent leurs œuvres. Il participe ensuite chaque année jusqu’en 1913 à ce même salon et à celui des Indépendants.
En 1910, il fait partie du jury du Salon d’Automne.
En 1911, il visite la verrerie cristallerie de ses amis, anciens condisciples, les frères Viard de Bar-sur-Seine, et s’enthousiasme pour ce nouveau matériau. À partir de 1912, Marinot consacre la majeure partie de son temps à la verrerie. Il apprend à souffler le verre, et est alors séduit par les contrastes entre les couleurs, le chaud et le froid, le jeu de la lumière et le feu. Il commence à concevoir des bols, des vases et des bouteilles, puis il les décore d’émaux opaques sur la surface. Au départ, ses verres sont fins et émaillés, puis Marinot cesse d'utiliser les émaux et commence à utiliser des bulles et des feuilles de métal dans ses verres et à y introduire de la couleur. Il crée des flacons épais, de lourds vases décorés dans la masse de traînées d’oxydes colorés, de bulles plus ou moins ordonnées. Il considère ses verres comme de vraies sculptures, qui doivent transcrire le souffle créateur. Parmi les techniques qu'il emploie, certaines techniques sont demeurées secrètes.
En 1913, Hébrard, le fondeur de Degas, le remarque et organise sa première exposition particulière, avec un premier achat de l’Etat.
Cependant, il continue de peindre et ses tableaux sont plus sombres (tels les portraits de Marcelle ou de Florence).
En 1914, il est mobilisé et affecté au Service de Santé.
En 1917, il est envoyé au Maroc dont les sites et les costumes lui inspirent tableaux et aquarelles.
En 1919, il reprend ses activités de verrier. Il commence à travailler directement le verre et acquiert une extraordinaire maîtrise technique. Il vit à Troyes, et se rend presque quotidiennement à Bar-sur-Seine.
En 1921, Hébrard organise tous les ans, dans sa galerie de la rue Royale une exposition de ses verreries. Marinot, à cette occasion vient à Paris. Plusieurs, parmi ses admirateurs, sont des collectionneurs éminents : Jacques Zoubaloff, mécène, généreux donateur des musées, l’homme politique Louis Barthou, grand bibliophile et sa femme, qui lèguent leurs verreries au Musée des Arts Décoratifs, le Baron et la Baronne Gourgaud, autres grands donateurs des musées...
Marinot garde toujours le contact avec ses amis artistes : Derain, Villon, Dunoyer de Segonzac...
En 1925, il est vice-président du jury d’admission de l’exposition des Arts décoratifs à Paris, et membre du jury des récompenses. Il est désigné comme membre du Conseil des Manufactures nationales et des Arts appliqués à l’industrie.
En 1932, il a une exposition particulière à New York, galerie Brummer.
Un film lui est consacré en 1934.
En 1937, il est hors concours à l’exposition internationale.
La verrerie Viard ferme en 1937. Marinot, malade, cesse le travail sur verre, mais continue à peindre.
En 1939, il rencontre et se lie d'amitié avec Pierre et Denise Levy, industriels troyens. En 1976, ces derniers donnent un nombre important de ses œuvres au Musée d'Art Moderne de Troyes.
A la Libération de Troyes, en août 1944, son atelier est rasé et plus de 2 500 toiles, dessins et verreries sont détruits.
En 1948, la galerie Charpentier lui consacre une exposition.
A partir de 1950, les expositions collectives reconnaissent sa place dans le mouvement fauve (Paris, musée national d’Art moderne 1951 et 1966), et son apport fondamental dans l’art de la verrerie (L’art du verre, musée des Arts décoratifs, Paris 1951).
Maurice Marinot a une place unique dans l’art du verre au XX° siècle.
Ses oeuvres sont exposées dans de nombreux musées de France et dans le monde entier, mais la plus grande partie est au Musée d’Art Moderne de Troyes.
En 1932, il est fait chevalier de la Légion d’honneur, et officier en 1937.
Il décède à Troyes, le 8 février 1960.
De juillet à octobre 2010, au Musée d’Art Moderne, une exposition réunit près de 350 oeuvres (peintures, dessins préparatoires, verreries) provenant de nombreuses
collections publiques et privées européennes (Paris, Bruxelles, Lyon, Lille, Nantes, Reims…) ainsi que du fonds exceptionnel réuni au musée d’Art moderne de Troyes à la suite de la donation Pierre et Denise Lévy. Un véritable trésor artistique.
Une publication monographique de 210 pages, magnifiquement illustrée en couleurs, est réalisée sous la direction d’Olivier Le Bihan, directeur du musée et commissaire de l’exposition.
J.S