Désiré Briden, ce grand artiste aubois, naît à La Chapelle-Saint-Luc le 18 septembre 1850, et décède à Troyes, le 23 novembre 1936.

Il est d’origine modeste, fils d’un facteur qui fait sa tournée au centre ville.

Dès son jeune âge, ses instituteurs remarquent ses dispositions pour la sculpture. A l’âge de 12 ans, il réalise déjà, avec un bloc de craie, une réduction de la chapelle de sa ville natale. Ses maîtres le poussent alors vers l’art.

Tout en aidant ses frères maçons sur les chantiers, durant ses courts loisirs, il permet à son inspiration de s’exprimer par le moyen de la glaise et des blocs de pierre. Il parachève sa formation en suivant les cours de l’École municipale de dessin.

Grâce à une bourse, à 18 ans, il entre à l’École des Beaux-Arts de Paris.

Il travaille d’arrache-pied et a la satisfaction de voir ses études couronnées par le Prix de Florence.

Lorsque la guerre de 1870 arrive, il y prend part.

A son retour, ses parents ne pouvant lui apporter un appui financier, il s’embauche à la fabrique de sculptures religieuses, la Sainterie de Vendeuvre, alors très renommée.

Il se fixe ensuite à Troyes, rue de la Cité, où il dirige l’École de dessin de saint Frobert, et y crée deux sections, arts et dessin industriel.

En 1881, il expose à Paris au Salon, et, en 1883, y obtient une médaille pour La coupe. Il expose ensuite, 8 fois, jusqu’en 1925, au Salon de la Société artistique de l’Aube.

Son talent lui procure des commandes officielles ou de particuliers éclairés. Dès 1931, le musée de Troyes compte déjà plus d’une vingtaine de ses sculptures.

La ville de Troyes lui doit La défense nationale, le bas relief du monument des Enfants de l’Aube, réalisé après la guerre de 1870, et inauguré en 1890 par le président de la République Sadi Carnot (assassiné en 1894). Une partie de cette sculpture est consacrée à la célèbre charge de Reichshoffen, et l’autre commémore la mort du commandant Picot, comte de Dampierre, qui trouva une fin glorieuse le 13 octobre 1870, à la tête des Mobiles de l’Aube qu’il dirigeait (n’hésitez pas à aller admirer les fantassins, artilleurs, dragons et cuirassiers qui y sont astucieusement mêlés dans des poses véridiques).

En 1900 est inauguré place Jean Jaurès un monument dédié aux " bienfaiteurs de la ville ", avec les noms des philanthropes gravés sur le fût. Sur le devant du monument, il y a un homme de bronze représentant un ouvrier bonnetier dont le courage et l’habileté ont assuré la réputation mondiale de notre industrie. Emporté par les Allemands, soucieux de récupérer du métal, pendant l’occupation de 1940/1944, le bronze disparaît, mais l‘original en plâtre se trouve au Musée de Bar-sur-Seine.

Il en est de même du fronton de la Préfecture qui présentait en médaillon une tête en bronze de la République.

En 1905, Désiré Briden réalise un gisant du pape Urbain IV.

J’ai dénombré pas moins de 70 de ses œuvres.

Désiré Briden a donné dans ses cours de l’École de dessin, un solide enseignement à plusieurs générations d‘élèves.    

Par décision du 12 février 1965, le Conseil municipal créé la Rue Désiré Briden.

Quelques anecdotes : lors de la guerre de 1870, il se cache chez des paysans, dans les combles. Un jour, les allemands viennent perquisitionner la ferme pour s’assurer qu’aucun soldat n’y a trouvé refuge, et s’apprêtent à grimper à l’échelle menant au grenier. Le paysan dit aux militaires ennemis : "  inutile de monter, vous voyez bien toutes les toiles d’araignées ! Comment aurait-on pu passer sans les enlever ? " Les Allemands se contentent de cette astucieuse réponse. Briden voua alors un véritable culte à ces animaux. C’est ainsi que dans son atelier de la rue de la Cité le visiteur pouvait remarquer les nombreux fils d’araignées que la femme de ménage avait ordre formel de ne pas ôter, pas plus que de détruire les araignées !

A propos du Monument aux bienfaiteurs de la ville, Briden a besoin d’un modèle pour le personnage qui concrétise la reconnaissance de la laborieuse population troyenne. Il remarque chez Jorry-Prieur la belle carrure et la belle harmonie des gestes d’un vendeur. Il lui propose un jour de venir poser chez lui. Mais l’offre prête à quelque confusion, car il faut d'une part, que le modèle pose partiellement nu et de l’autre, qu’une rétribution honnête soit proposée au modèle occasionnel. Totalement démuni d’argent, Briden offre sa montre… Se trompant sur les intentions réelles de l’artiste, l’employé du magasin craint qu’il s’agisse de propositions inavouables… enfin tout s’explique et le modèle pose pour le buste. 

Le Conseil donne son nom à une rue de Troyes, le 11 janvier 1963.