C’est sous son mandat de maire (1803-1809), que se situent le passage et le séjour de Leurs Majestés Impériales et Royales, et de sa Sainteté Pie VII à Troyes, en avril 1805.

 

On doit lui imputer la réussite de cet événement, car il n’avait que peu de temps pour faire tous les préparatifs nécessaires.

Grâce à sa diligence, il ne perd pas un seul instant. Il pense à tout, réalise, surveille...

L’Hôtel de Ville est mis dans l’état le plus décent... Il fait élever un arc de triomphe pour l’arrivée de Leurs Majestés de 16,50 mètres sur 12, avec en plus 4 portiques de chaque côté, et des inscriptions: " Porte, ouvre l’entrée triomphale d’une Ville comblée de joie, au Héros qui seul a rendu la France à elle-même "…

Un autre arc de triomphe sur lequel on lit " à Napoléon ", avec des couronnes civiques, navales, obsidionales, de vainqueurs... et au milieu écrit " Il les mérite toutes "… Une colonne de 13 mètres porte cette inscription : " A la gloire de l’Empereur et Roi Napoléon, l’heureux, l’invincible, le Restaurateur des autels, des arts et des lois, la Ville de Troyes a élevé ce Monument de sa reconnaissance ", et " Modérateur des Peuples et des Rois, il fait, par ses traités, le bonheur de la terre : Grand par la guerre, et plus grand par ses lois, il est de son pays le vengeur et le père "

Sur le chapiteau, il y a des Aigles aux ailes déployées et une statue représentant la Ville de Troyes tenant une couronne d’or qu’elle offre au Héros.

Sur la Place de l’Hôtel de Ville, est élevé un Obélisque de 12 mètres, avec un Aigle aux ailes déployées, et les inscriptions suivantes : " Sous un puissant vengeur, vivez dans la sécurité. Sous un chef glorieux, vivez dans la joie. Sous un juste juge, vivez dans l’innocence. Sous un bon père, vivez dans la reconnaissance… Il est l’appui et la gloire ".

Au-dessus de la tour de la Cathédrale, le Maire fait placer une Etoile de trente mètres de circonférence, avec ces mots: " Vive l’Empereur ". Le périmètre de l’Etoile est garni de 75 pots à feu. La façade de la Cathédrale est illuminée.

Toutes les rues, dans la direction de la porte de Paris au Palais Impérial, sont sablées.

Le Maire fait remettre en état les chemins qui bordent la rivière au-dessus et au-dessous de la Ville, parce qu’il était à présumer que l’Empereur visiterait ces lieux.....

Il fait placer dans la grande salle de l’Hôtel de Ville, les produits de l’industrie de la ville : toilerie, bonneterie, draperie, et objets des manufactures du département, pour être mis sous les yeux de Sa Majesté.

Le Conseil de commune choisit, dans ces produits, six pièces de basin, un coupon de piqué, une pièce de toile de coton, quinze paires de bas de coton, dix-huit pièces de ganses et lacets en soie, pour être offerts à Sa Majesté l’Impératrice, comme un tribut particulier de reconnaissance.

A l’arrivée de Leurs Majestés, le Corps de Ville s’approche de la voiture de l’Empereur, et M. Bourgoin, Maire, en lui présentant les clefs de la Ville, lui dit : " J’ai l’honneur de vous présenter les clefs de la Ville de Troyes. Organe de ses habitants, il m’est bien doux d’assurer à Votre majesté qu’elle va porter la joie dans tous les cœurs, et qu’elle y trouvera l’expression d’amour et de dévouement qu’elle a droit d’en attendre ".

Sa Majesté répond : " Gardez ces clefs, M. le Maire, elles sont bien entre vos mains ".

Il donne audience aux Autorités, dont le Clergé et dit : " Je vous recommande, de prêcher avec la morale de l’Evangile, la soumission aux lois et le paiement des contributions, de prier et faire prier Dieu pour moi. Je vois que vous avez affaire à un bon peuple. Imitez l’exemple que votre Evêque vous donne, et tout ira bien ".

Il parle de la construction des maisons de la ville, du manque de pierre…

Ayant jeté un coup d’œil sur une carte de la Ville de Troyes, il s’occupe avec le Ministre de l’Intérieur, le Préfet…du dessein de rendre la Seine navigable jusqu’à Chatillon. Le lendemain, il monte à cheval et accompagné du Préfet, il suit le cours de la rivière.

" Le canal de navigation, dit-elle, traversera votre ville, et suivra le cours du canal qui passe près de l’Hôtel de la Préfecture et de l’Hospice civil.

Je veux que, pour l’utilité particulière de votre ville, il y ait un port qui soit établi sur la place du Préau. Mais il importe que cette place soit embellie, et que les édifices qui l’environnent soient bâtis régulièrement.

A cet effet, il faut que le Conseil me demande l’autorisation d’acheter les terrains qu’il convient, et de faire démolir les restes de l’ancien palais des Comtes de Champagne... je ferai jouir les acquéreurs d’une exemption de contribution pendant quinze années...

Je veux qu’avant six ans les coches des bateaux puissent remonter et descendre la Seine depuis Paris jusqu’à Bar-sur-Seine, et au-delà...

Enfin je désire que la Ville de Troyes, une des principales villes de l’Empirese souvienne de moi, et du séjour que je fais dans vos murs ".

 

L’Empereur charge le Conseil de lui demander la maison du petit Séminaire, pour servir à la répression de la mendicité et à la réclusion des filles de mauvaise vie...

 

Le séjour de Leurs Majestés à Troyes a porté au plus haut degré l’admiration et l’attachement des Troyens pour leurs augustes personnes. L’Empereur y a montré, avec la grandeur de son génie et son zèle pour le bien public, une bonté si touchante, que quiconque a eu l’honneur de l’aborder s’est retiré tout attendri et plein de reconnaissance… L’Impératrice a laissé… le souvenir délicieux et l’image touchante de la gracieuse et bienfaisante sensibilité ".

 

Le 6 avril, le Pape, accompagné de nombreux Cardinaux, Archevêques et Evêques, retourne en Italie par le même chemin que prirent leurs Majestés pour s’y rendre, et logea dans les mêmes lieux.

Ainsi, les préparatifs faits à Troyes pour la réception de Leurs majestés, servirent aussi pour celle de Sa Sainteté.

A son arrivée, le Maire Bourgoin dit : " Après l’honneur d’avoir possédé dans nos murs le plus grand des Monarques, y jouir de la présence du plus vertueux des Souverains Pontifes, est pour la Ville de Troyes le complément de la félicité publique…  la vénération à jamais gravée dans nos cœurs pour vos vertus Pontificales venant en France Sacrer le Restaurateur de la religion Chrétienne… ".

Le Pape donne des Audiences et admet… un grand nombre d’habitants à lui baiser les pieds..

        

Ainsi se passèrent les jours où la Ville de Troyes vit ce qu’elle pouvait jamais voir de plus grand. La Concorde du Sacerdoce et de l’Empire… parut aux yeux d’un peuple émerveillé, dans toute sa réalité et dans tout son éclat ".