Cela se passe le 16 janvier 2015.
2 ans, 3 ans… 5 ans… 10 ans, que je relance mon ami Michel Moyne !
Je voulais tout d’abord lui consacrer à cette époque, une émission sur Canal 32 !
Puis le mettre sur mon site dans les « Aubois célèbres ».
Je le rencontre cet été et il promet de venir me voir.
Miracle ! Après quelques rappels téléphoniques de ma part, il est là ce matin, dans mon bureau !!!
Sa première phrase en arrivant : « Pourquoi parler de moi ? Je n’ai pas reçu le prix Nobel ! Mais, après les terribles événements qui viennent de se passer, avec le décès de mon ami Cabu, si tu veux, nous allons en parler».
Je reconnais en effet que dans ce chapitre des Aubois célèbres, en dehors de Jean Tirole, je ne parle que de célébrités décédées. Je lui réponds : « Michel, j’ai peur que, lors de ton décès, on ne dise pas tout sur toi. Lorsque l’on parcourt tes livres << Auboisiries >>, << Tricasseries >>, << Jouez Aubois >>, c’est toute la vie politique de notre département qui se déroule pendant de très nombreuses années. Aujourd’hui, c’est toi qui vas raconter ta vie, et cela pourra alors servir d’article nécrologique ! Personne ne peut penser à tout ce que tu as déjà fait jusqu’à présent ! Et aussitôt le chapitre paru sur mon site, tu seras connu et reconnu du monde entier, et cela ne sera que justice ! ».
Après quelques temps, il me répond : « Si tu veux ». Et je le laisse parler, ce qui, je pense, m’évitera de faire des oublis.
« Je suis né à Troyes le 21 avril 1930. J’y ai fait toutes mes études, terminant au Lycée en 1949.
A 15 ans, mon premier dessin est publié dans un journal d’anciens prisonniers de guerre.
En 1947, je collabore à la rédaction sportive de l’Est-Eclair, puis ensuite, je passe à Libération Champagne en 1951. En 1947, c’est mon premier match de foot. Depuis, jusqu’à ce jour, je vais pratiquement à tous les matchs ! J’ai croqué tous les joueurs de l’ ASTS, du TOS, du TAF, d’ ATAC et aujourd’hui, de l’ ESTAC.
J’ai fait mon service militaire dans une Ecole d’officiers d’Artillerie en Allemagne (là, que du bonheur, car, dès mon arrivée, j’ai fait les caricatures des officiers, et on m’a laissé tranquille !).
Pendant 6 mois, très jeune, j’ai fait partie de l’équipe de Jean Nohain.
Puis, par nécessité financière, j’entre à l’Education Nationale, et y reste de 1951 à 1985. J’ai été très heureux d’être instituteur à la campagne, puis en ville, tout en continuant mes dessins dans la presse, des illustrations pour des pochettes de disques Philips, pour des livres d’enfants avec Hachette, Nathan, Bayard-Presse, (Pomme d’Api), Istra… J’ai dessiné une quarantaine de livres et manuels scolaires. En 1954, je collabore aussi avec les journaux radiophoniques à Paris, dessinant pour Télé 7 jours… N’ayant pas de carte de presse, j’y allais au culot car je n’ai jamais fait de croquis d’après des photos, je veux voir vivre les gens et les croquer sur le vif !
Le 26 mars 1956, je me marie avec Jacqueline Gérard, avec laquelle j’ai eu 2 enfants Pascale et Olivier.
J’ai dessiné pour Les Nouvelles d’Alsace, mais aussi pour le Figaro Magazine, La Suisse, Sport (hebdomadaire de foot en Suisse allemande)…
J’ai fait des motifs pour Absorba, Petit Bateau… et même des oiseaux pour de la lingerie féminine.
Je suis allé au Festival d’Epinal avec Faisant…
En 1985, pour voir autre chose, je suis allé pendant une dizaine de mois aux USA, en Californie, à Berkeley, agglomération de San Francisco. En dehors de petits emplois, j’ai collaboré avec « Le journal français d’Amérique »…
Au retour, j’ai eu l’opportunité de réaliser plusieurs albums pour la Champagne-Ardenne, pour l’Aube et la ville de Troyes, des cartes de vœux chaque année depuis 1988, pour mes amis. Au fait, tu as bien reçu les miens pour 2015 ? (Je les lui montre aussitôt !).
Ah oui, il y a aussi les expositions que j’ai faites, à Epinal, à la Maison du Boulanger (pour la sortie de " Tricasseries "), à Saint-Germain, grâce à l’appui amical d’Yves Louys... et ça continue, actuellement, on me demande encore des dessins, c’est plaisant.
Et Michel termine : « Alors ça te va comme ça ? ».
Eh bien non !!! D’accord, je sais que tu es un perfectionniste, que tout ce que tu as dit est vrai, mais je voulais que tu me parles de ce que je sais de toi, de l’être humain, un peu de ton jardin secret… mais ta modestie, ta simplicité, ta discrétion t’ont fait passer tout cela sous silence !
Pourquoi ne pas avoir parlé de tes très nombreuses et privilégiées rencontres avec des artistes de ton époque, dont tu me parlais avec chaleur et que tu côtoyais avec curiosité. C’est ton ami Bernard Dimey, un parolier fort à la mode à cette époque, qui t’emmenait chez Edith Piaf, Michel Simon, Mouloudji, Henri Salvador, Jacques Prévert, Brassens, Devos, Bourvil (que tu avais trouvé simple, profond et bon). Et tes souvenirs extraordinaires de Berkeley, où tu es retourné avec ton épouse pendant 15 ans ?... Je dois aussi rappeler une anecdote que j’ai relatée dans le chapitre « le Cirque » : le 26 octobre 1949, le célèbre boxeur Marcel Cerdan, champion du monde, fait un combat sur le ring du Cirque Municipal, avant d’aller combattre au Etats-Unis. Le lendemain, son avion s’écrase. Tu es le dernier dessinateur à l’avoir croqué.
Je pense que tu dois en être à 8.000 ou 10.000 dessins parus !
Michel me répond : « Sans doute, mais je ne les ai jamais comptés ! ».
Merci Michel, peut-être à une autre fois pour la suite de tes aventures…
J.S