Blücher, à la tête de la seconde armée de Silésie, après s’être rendu maître de la Lorraine, traversa la Marne, quitta Saint-Dizier, et se dirigea sur Troyes.
Napoléon, informé de sa marche sur Troyes par Brienne, donna au général Gérard commandant le camp d’Arcis l’ordre d’arrêter la marche de Blücher.
Ce dernier, avec 6.000 hommes prend la direction de Brienne où il arrive le 24 janvier 1814. Pendant 2 jours, ils bivouaquèrent au milieu des rues de Brienne.
L’empereur se détermine à marcher sur Blücher, en traversant la forêt du Der. Ce dernier, avec 45.000 hommes, tant Russes que Prussiens, entre le 27 à Brienne.
Le général Gérard se retire sur Lesmont, dont il fait couper le pont, afin d’arrêter la marche de l’ennemi, qui voulait se porter sur Troyes.
Le 29, il se réunit aux différents corps que l’empereur amenait avec lui et prend part à l’action glorieuse et sanglante qui eut lieu le même jour à Brienne, et le lendemain, il défend le pont de Dienville, lors de la retraite de Blücher sur Bar-sur-Aube.
A peine ce dernier est-il entré à Brienne, que son armée se livre toute entière au pillage : partout où le soldat pénètre, il commet les plus affreux ravages. L’habitant, effrayé de se voir dépouillé et horriblement maltraité par une soldatesque grossière et indisciplinée, s’enfuit dans les bois environnants, avec la neige et un froid très rigoureux, ou dans les caves ou souterrains du Château.
L’avant-garde de Blücher continue sa marche sur Troyes, prenant un temps considérable pour réparer le pont de Lesmont.
Ney, à la tête de 6 bataillons attaqua le château et l’emporta et failli prendre Blücher et tout son état-major.
Vers 8 heures, l’ennemi partant en retraite vers Bar-sur-Aube, mit le feu à Brienne.
Il avait perdu 5.000 hommes, dont 3 généraux, et eut de nombreux prisonniers. Les français perdirent environ 1.500 hommes.
Le lendemain 30, Napoléon s’établit avec son quartier général au château de Brienne. Il promit au Maire de réparer Brienne et d’alléger la misère de ses habitants, et tira de sa cassette de quoi soulager les nombreuses infortunes, et dit son intention d’acheter le château, d’y fonder une résidence impériale ou une nouvelle école militaire, et de rebâtir Brienne.
L’armée française comptant 36.000 hommes avait pris position à la Rothière, et occupait les villages de Dienville, Petit-Mesnil, la Giberie, la Chaise et Morvilliers.
Blücher développa autour d’elle 84.000 fantassins et 22.700 chevaux, le tout appuyé de 286 bouches à feu.
A la vue de ces formidables apprêts, Napoléon hésita à compromettre sa petite armée. Il eut un moment l’espérance que ce mouvement n’était qu’une démonstration, dans le but de lui dérober une manœuvre de l’armée principale sur Troyes. Il se disposait même à se diriger vers cette ville et avait déjà mis en mouvement, vers le pont de Lesmont les réserves du prince de la Moscova, quand 1 heure après midi, il reçoit l’avis que l’ennemi s’ébranle de tous les points pour une attaque générale. A cette nouvelle il contremande les mouvements ordonnés, monte à cheval et se porte aux avant-postes. La neige tombait alors à flocons épais et obscurcissait le jour, en sorte qu’il était difficile de juger les mouvements de l’ennemi qui, vers 3 h après-midi, et après avoir été renforcé, signalait son approche par une forte canonnade à sa gauche et au centre, et à sa droite par une fusillade bien nourrie. Le général Sacken déboucha sur la Rothière et Dienville, alors occupés par l’armée française. Près de s’emparer de ce premier village, il fut repoussé par le général Duhesme, qui s’était fait remarquer en couvrant la Rothière, ainsi que le général Gérard en conservant Dienville. Les généraux Piré, Colbert et Guyot le poursuivirent vivement, mais après un rude choc, ils furent eux-mêmes ramenés jusqu’à Brienne-la-Vieille, et la nuit étant alors fort obscure, ils laissèrent au pouvoir des Russes 24 pièces d’artillerie de la garde, qui s’étaient égarées en suivant le mouvement d’une colonne de cavalerie qui se portait en avant dans le but de repousser une charge de l’ennemi. Mais lorsque les prisonniers s’aperçurent de l’embuscade dans laquelle ils étaient tombés, et qu’ils n’avaient pas le temps de se mettre en batterie, ils se formèrent aussitôt en escadron, attaquèrent l’ennemi, et sauvèrent leurs chevaux et leurs attelages. 15 à 20 de ces braves furent tués ou faits prisonniers.
L’empereur, jugeant la bataille perdue, fit des dispositions pour la retraite, mais auparavant, il voulut faire une nouvelle tentative sur la Rothière. Elle obtint d’abord quelques succès, lorsque Blücher, en personne, repoussa du village la jeune Garde, déjà parvenue jusqu’à l’église. Partout des forces supérieures, opposées aux corps français, repoussaient leurs attaques, dont le but était de déguiser à l’ennemi notre mouvement sur Brienne. Ce 1er février, ce fut alors que Napoléon, convaincu de l’impossibilité de pouvoir se maintenir, et afin de contenir l’ennemi, ordonna l’incendie de la Rothière. Ney reprit aussitôt la route de Lesmont. Marmont vint à la tête de la cavalerie du général Doumerc, prendre position sur le pont de Rosnay. Le maréchal Victor établit ses bivouacs à Beugné. Oudinot ne s’éloigna du champ de bataille qu’après avoir vu la Rothière en flammes. A minuit, le général Gérard abandonna le pont de Dienville.
Le lendemain 2 février, à la pointe du jour, toute l’arrière-garde de l’armée française était en bataille devant Brienne. Elle prit successivement des dispositions pour se diriger sur Lesmont, en passer le pont, et rejoindre les restes de l’armée française qui se dirigeait sur Troyes.
Après la bataille, l’empereur était revenu coucher au château, et l’avait quitté
le matin à 6 heures, ainsi que la ville, pour ne plus jamais les revoir. Avant de se rendre à Lesmont, il se
porta sur différents points, et notamment sur Rosnay.
Le 2 février, toute l’arrière-garde de l’armée française était en bataille devant Brienne.
La perte des Français dans ces 2 combats est portée à 6.000 hommes, tués ou prisonniers et 54 pièces de canon restées au pouvoir de l’ennemi, qui perdit 9 à 10.000 hommes, laissant la plaine et les villages jonchés de ses morts.
C’est à l’immense supériorité de ses forces, que Blücher dut la victoire de la Rothière, le nombre seul triompha !
L’armée française ayant opéré sa retraite et quitté Brienne, Blücher y rentra immédiatement, ramenant avec lui la terreur et l’effroi. Les soldats se livrent à nouveau à toutes les horreurs du pillage, aux vexations, aux mauvais traitements, aux violences les plus cruelles envers l’habitant qui est écrasé de réquisitions de toutes sortes (« une demoiselle de 80 ans, fille vertueuse et remplie de religion, fut trouvée sans vie chez elle, morte des suites de viol et des outrages exercés sur elle »).
Les bois deviennent une seconde fois le refuge d’une partie de la population, qui y sauve quelques uns de ses bestiaux, mais se trouve sans chevaux pour les travaux agricoles.
Le château de Brienne fut entièrement pillé, dont la magnifique bibliothèque inestimable.
L’incendie de Brienne ordonné par Blücher pour favoriser sa retraite, coûta à cette ville 80 maisons, granges, écuries qui devinrent la proie des flammes.
Malheureusement, Brienne compta de nombreux de ses habitants qui s’introduisirent dans les meilleures maisons abandonnées par leurs maîtres, ou dans les camps après leur levée, qui pillaient et remportaient chez eux tout ce qu’ils rencontraient.
Après l’affaire de la Rothière et l’évacuation de Brienne par l’armée française, l’église de cette ville, le château, la maison du sieur Navarre, celles des dames de la Charité, ou hospitalières de Saint-Vincent de-Paul, furent convertis en hôpitaux militaires, et encombrés de malades et de blessés.
Quelques « officiers de distinction », appartenant aux armées coalisées, moururent à Brienne, et remirent à M. le curé, avant de quitter la vie, des sommes assez considérables, tant pour lui que pour l’hospice, dans le but que l’on pria pour eux.
Des indemnités accordées par S.M. Louis XVIII, aux départements « les plus flagellés par la présence et le séjour des alliés en 1814 et 1815 », cette ville reçu 40.000 francs qui furent répartis en raison des pertes éprouvées par chacun des habitants.
Qui pense connaître ces anecdotes ?
Napoléon avait perdu un cheval et son chapeau à Arcis-sur-Aube. Après le combat de Brienne, en rentrant le soir à son quartier général, triste et méditatif, il se trouva chargé inopinément par des Cosaques qui étaient passés sur les derrières de l’armée. Il en repoussa un de la main, et se vit contraint de tirer son épée pour sa défense personnelle. Plusieurs de ces Cosaques furent tués à ses côtés. « Mais ce qui donne un prix bien extraordinaire à cette circonstance, disait-il, c’est qu’elle se passa auprès d’un arbre que je considérais en cet instant, et que je reconnaissais pour être celui au pied duquel, durant nos récréations, à l’âge de 12 ans, je venais lire : La Jérusalem délivrée ». C’était donc là que Napoléon avait éprouvé sans doute les premières émotions de la gloire !
J.S
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