Le 3 février 1814, au lendemain de la bataille de La Rothière, Napoléon, revenant de Brienne, accompagné de son Etat-Major, entre à Troyes par le Labourat et le faubourg Saint-Jacques.
Le groupe de cavaliers s’arrête alors sur le pont des Cailles, l’Empereur descend de cheval, et se dirige vers le rû, afin de satisfaire un besoin naturel urgent…
" Ce fait banal en soi, paraît cependant avoir particulièrement frappé les nombreux badauds qui se pressaient avec curiosité sur le passage des troupes impériales. "
Lucien Morel qui a rencontré le fils d’un témoin de cette scène, a écrit sur ce sujet, en 1928, quelques quatrains humoristiques dont voici quelques extraits :
Vieux logis clopinants et ternes,
Coiffés de toits en éteignoir,
Qui mirez vos faces paternes,
Dans l’eau sale d’un dépotoir;
Car, de ces auvents taciturnes
Combien de fois a-t-on jeté
Le plein des faïences nocturnes
Dans ton lit toujours empesté !
Puis, au long des manants que crosse
Sa garde, hautain et vermeil,
Dans un vaste et pesant carrosse,
T’a piétiné le Roi-Soleil,
Napoléon rentrant à Troyes
Morne, par ce même chemin
Où jadis, de bruyantes joies
Acclamaient le césar romain,
Fit sur ce pont de mélodrame,
La chose qu’en des temps anciens
Gargantua, de Notre-Dame,
Faisait sur les Parisiens,
Dédaignant, lui, sacré par Rome,
De prouver au flot des gamins
Qu’il n’était après tout qu’un homme
Soumis à la loi des humains…
Or, depuis que je sais l’histoire,
Quand là, je regarde, arrêté,
J’évoque ce détail sans gloire,
Si typique en sa crudité ;
Et je revois toujours tragique
Et grande dans son geste impur,
Cette silhouette énergique,
Dos voûté, pissant contre un mur.