Potences, supplices, pendus...


 

Potences, supplices, criminels pendus… cela était très courant du XII° au XVIII° siècle. Quelques exemples :

 

            En 1151, l’évêque de Troyes n’avait de justice temporelle à Troyes, que sur un territoire fort circonscrit : il est seigneur de l’Hôtel de l’évêché et du bourg Saint-Denis, voisin de la cathédrale. A la fin du XV° siècle, ses prisons existaient encore. En effet, en 1194, après un soulèvement qui eut lieu à Dijon, des prisonniers sont conduits à Paris. A leur passage à Troyes, ils sont déposés dans les prisons de l’évêque.

 

            Les droits, les privilèges, les immunités dont jouissait l’abbaye de Notre-Dame-aux-Nonnains ont toujours été considérables. L’abbesse avait ses prisons, son pilori, sa potence, situés sur la place même de l’abbaye, mais les condamnations à mort étaient exécutées par les officiers du comte.

 

            Ainsi, en 1307, Perrin de Dijon vola dans le dortoir des religieuses un vêtement de femme. Pris en flagrant délit, il fut condamné à être pendu.

 

            En 1324, le maire et les échevins font en compagnie d’arbalétriers une tournée de police en dehors de la ville, et arrêtent un mauvais garçon qui est pendu et étranglé, « à cause de ses démérites ».

 

            Au XIV° siècle, on trouvait à Troyes, pour « reposer la conscience des uns, effrayer les autres », les signes de la haute justice, sous forme de piloris, de carcans, de fourches patibulaires, de potences, de billots, au nombre de 15, appartenant au roi et aux seigneurs qui se divisent le territoire.

 

            Le 13 juin 1521, le maire Jacques de Marisy et les échevins, faisant en compagnie d’arbalétriers une tournée de police hors de Troyes, arrêtent « un mauvais garçon nommé Le Souffleur ». Quelques jours après, cet individu est pendu et étranglé « à cause de ses démérites ».

 

            En 1524, lors du grand incendie de Troyes, 6 jeunes garçons pas plus âgés de 14 ans, ayant dit qu’ils avaient été poussés à mettre le feu, furent pendus et d’autres brûlés. Les pères des enfants, qui avaient subi le supplice du feu, furent gardés en prison un certain temps, puis la même peine leur fut infligée.

 

            En 1544, les Troyens, mis en demeure de se défendre contre les attaques de Charles-Quint et d’Henri VIII, placent 4 doubles canons devant l’hôtel-de-ville, et 2 potences, l’une au Marché-au-Blé (place Jean Jaurès) et l’autre au grand pont de Saint-Jacques.

 

            La ville de Tonnerre est brûlée le 8 juillet 1556, par un capitaine de gens d’armes et l’un de ses compagnons. Leurs arrestations sont faites à Troyes et suivies de condamnations à mort et exécutées ; ils sont pendus et brûlés à Troyes.

 

            Dans l’été 1561, lors des miracles de la Belle Croix, devant la mairie, un jeune homme de Vaudes, qui a pillé l’apothicaire, est  condamné à être pendu. Le peuple arrache la potence et frappe avec violence l’exécuteur des hautes-œuvres. Néanmoins, le patient est pendu.

 

            Le 22 juin 1570, le Conseil de ville ordonne que les ponts levis soient levés pendant la messe, les dimanches et jours de fêtes. Tous étrangers, vagabonds et « gens sans aveu », sortiront de la ville, sans délai, sous peine d’être pendus et étranglés, sans autre figure de procès ».         

 

            Le jour de l’Ascension de 1574, une bande de brigands met à sac le village de Soignolles, tuent des enfants et tout le bétail. Une douzaine d’hommes sont poursuivis par le prévôt des maréchaux de Troyes qui les ramènent à Troyes, où ils sont tous pendus et étranglés à une potence, au Marché-au-Blé. Les corps de 2 d’entre eux furent transportés à Soignolles où l’exécuteur des hautes-œuvres de Troyes alla les attacher aux portes de cette ville, où ils restèrent longtemps exposés à la vue des passants.

 

            En 1576, la Champagne et la Brie sont remplies de voleurs et de pillards. Le prévôt des maréchaux de Troyes rencontre à Sézanne l’une de ces compagnies, arrête ce capitaine et une partie de ses hommes. Ramenés à Troyes, le capitaine est pendu et ses hommes faits prisonniers.

 

            En 1580, pour inspirer une certaine terreur, on dressa 3 potences : l’une devant le palais, une autre à l’Etape-au-Vin, la troisième au Marché-au-Blé.                         

 

            En 1586, le peuple était fort pauvre, la récolte mauvaise, le pain cher, la peste régnait et le travail avait cessé. Il y eut une émeute et début juillet, 4 chefs de la sédition furent arrêtés, pendus et leurs corps mis aux piliers de la justice, hors la ville.

 

            L’année suivante, en août 1587, il y eut une nouvelle émeute et de nombreuses arrestations. Pour inspirer une certaine terreur, on dressa 3 potences : l’une devant le Palais, une autre à l’Etape-au-Vin (place Audiffred), la troisième au Marché-au-Blé.

 

            En 1592, lors des combats de Bar-sur-Seine, des Troyens et des réfugiés de Bar, au nombre de 400, se mettent en route, mais n’allèrent pas plus loin que Croncels. Deux d’entre eux  furent pris par des royaux, puis pendus et leurs têtes placées au-dessus de la porte du château de Bar.

 

            En avril 1593, M. de Dinteville reprend le château de Fontette, où 13 hommes résistaient, et le capitaine avec 7 de ses hommes sont pendus.

 

            En 1594, le duc de Guise avait encore confiance dans le dévouement des Troyens, mais une quinzaine d’individus qui avaient contrevenu aux conventions entre les ducs de Chevreuse et de Nevers, furent pendus.

 

            En 1625, de nouveaux troubles sont causés par le manque de blé, par la faim. Dans cette circonstance, 13 individus sont arrêtés, condamnés et pendus « dans la même journée ».

 

            Le 17 avril 1626, pour la même raison, 11 prisonniers sont condamnés à être pendus. Cette exécution fut solennelle. Toute la force armée fut mise sur pied, toutes les places furent occupées par des compagnies, il y avait « corps de garde à l’hôtel-de-ville, à l’Etape au Vin et 3 compagnies sur la place du Marché au Blé. Les condamnés attachés 2 à 2, furent, entre 2 haies, conduits sur cette place et exécutés. Le lendemain 18,  furent encore exécutés 2 des principaux auteurs de « la faction ».