A l’emplacement actuel de notre Palais de Justice, a été trouvé une tête en marbre que l’érudit Bernard de Montfaucon qualifie de Bacchus indien, qui prouve l’importance de notre ville Augustobona à l’époque Gallo-Romaine.
La rue s’est appelée des Carmélites, puis des Jacobins, et ensuite du Bourg-Neuf jusqu’en 1851 où elle devient rue du Palais de Justice.
L’incendie du 24 mai 1524 détruit tout le quartier.
L’année qui suit les Etats Généraux de 1560, les esprits ne sont pas calmés, et le Conseil de Ville est averti qu’il se prépare des assemblées secrètes, devant troubler les processions et le service divin.
Les Réformés de Troyes, ayant 2 pasteurs, se réunissent dans une maison située à cet emplacement, et convertie en temple, où l’on célèbre des baptêmes et des mariages. Aux prêches, l’assistance est nombreuse.
Le 22 novembre 1561, le comte d’Eu, François II de Clèves fait son entrée solennelle dans la ville de Troyes en qualité de gouverneur, et loge dans une maison sur ce même terrain, chez Madame de la Motte, et ordonne la fermeture des prêches.
En 1620, un couvent des Carmélites s’installe dans cette maison, remplacé par les Bernardines et enfin par les Jacobins.
Totalement détruite à la Révolution, est construite à la place, une maison bourgeoise qui ouvre sur la rue Grosley. En 1814, pendant son séjour d’occupation, l’Empereur de Russie Alexandre 1er l’occupe, se plaisant beaucoup dans ce quartier en raison de l’accueil féminin qu’il y recevait.
En partie endommagée par un incendie, elle est achetée en 1851 par le département, et transformée en Palais de Justice. L’administration y ajoute un péristyle, soutenant un fronton triangulaire, avec l’inscription Palais de Justice. Comme dans les frises doriques, métopes et triglyphes alternent sous l’entablement classique. Il est inauguré en 1861.
A l’époque, le bâtiment subit de nombreuses critiques :
Aufauvre y voit "une construction d’une complète nullité".
Lucien Morel la qualifie de " bâtisse banale ".
Clozier dit que "jamais l’architecture n’a eu moins de style, qu’à cette époque (moitié du XIX° siècle) où l’on prétendait les imiter tous".
"A la vérité, le Palais de Justice se présentait comme une copie servile du style gréco-romain. Il avait tout emprunté aux monuments antiques et n’avait rien ajouté ", dit Grosley.
En 1972, le département détruit son agréable jardin pour l’agrandir, avec une façade moderne et entrée par la rue Général de Gaulle. Camille Martin, conseiller général, maire de Bernon, fait alors transférer les colonnes du Temple, à l’entrée de la forêt de Chaource, où vous pouvez les contempler encore aujourd’hui !
Citons quelques condamnations à mort, lors de grandes affaires criminelles dont a été témoin notre Palais de Justice : Louise Fleuriot (dite le Beau Toquat) en 1808, Claude Gueux en 1831 (qui a donné lieu au réquisitoire contre la peine de mort par Victor Hugo), Buffet et Bontems, en 1972.
Enfin, c’est en 1977 que Patrick Henry sauve sa tête, grâce à la plaidoirie de l’un de ses avocats Maître Badinter, et qui aboutira à la suppression de la peine de mort en France.