Pierre Micaux

Il avait la blague facile, mais il n'a jamais fait d'effets de manche. Né le 26 octobre 1930 à Vendeuvre-sur-Barse, il a été l'une des figures politiques les plus importantes de l'Aube durant plus de quarante ans. Une carrière exceptionnellement longue et riche qu'il entame en mars 1965 en devenant, à 34 ans, maire de Vendeuvre-sur-Barse. Un mandat - pour lequel il sera cité comme « Meilleur maire de France » - qu'il conserve durant trente ans et qui a été le tremplin d'une carrière exceptionnelle. En 1970, le voilà conseiller général du canton. Il le reste jusqu'en 1994.

29 années de députation

Car Pierre Micaux - « le Pierrot » - a un talent inné pour gagner la confiance des électeurs. Quand il gagne un siège, il le garde. En 1978, sous l'étiquette UDF, il rafle à la gauche et à André Gravelle la première circonscription de l'Aube. Il va en faire son jardin. Quels que soient ses adversaires, quelles que soient les divisions de la droite, il sera réélu sans disconstinuer jusqu'en 2002, où il prend sa carte à l'UMP. Ce n'est qu'en 2007, après vingt-neuf années de députation, qu'il passe la main. Nicolas Dhuicq, UMP, lui succède. Il avait bien failli ne pas être candidat en 2002. Les candidats étaient nombreux à sa succession, avec en tête Évelyne Perrot, maire de Dosches que Pierre Micaux voulait soutenir pour siéger au Palais Bourbon. Mais la donne politique liée à l'élection présidentielle - avec Jean-Marie Le Pen et Jacques Chirac au second tour - l'avait amené à revoir sa position. Il devait ainsi recevoir l'investiture unique de la nouvelle Union pour la majorité présidentielle.

« Monsieur animaux »

On se souvient qu'il avait été aussi nommé en octobre 1979 « Monsieur animaux » par le président Giscard d'Estaing. Il devait ainsi veiller aux questions liées à l'élevage, aux conditions d'abattage, aux expériences menées sur les animaux et plus généralement aux animaux domestiques. Président du Parc naturel régional de la Forêt d'Orient, il était un proche de la nature, écologiste avant les écologistes disait-il parfois. Au plan professionnel, il avait été élève d'une école d'ingénieur dans le domaine du bois. Il avait notamment travaillé plusieurs années dans ce qui était encore des colonies françaises. C'est peu dire en tout cas que Pierre Micaux était un homme populaire, disponible, tout simplement parce que proche du peuple. C'est sans doute le député aubois qui a rendu le plus de services, jusqu'aux plus modestes, pour dépanner le fils d'un voisin. Il connaissait tout le monde ou presque. Dans le monde politique, on disait avec humour qu'il connaissait le nom de toutes les vaches de la première circonscription. Lors de la remise de ses insignes de chevalier de la Légion d'Honneur, quelques mots clés ont été cités le caractérisant parfaitement : travail, générosité et modestie.

« La fête des assassins »

Son travail, hormis à la mairie de Vendeuvre-sur-Barse et à l'Assemblée nationale où il avait à cœur de faire partager le champagne des vignerons aubois, c'est au service du Syndicat départemental d'électricité et du Syndicat départemental de l'eau qu'il l'a fourni. Il ne s'est pas arrêté là. Percevant très tôt l'importance du traitement des déchets, il a rapidement mis en place une structure départementale dédiée, cherchant en France et à l'étranger les meilleures formules permettant de régler cet épineux dossier. Pierre Micaux était aussi un homme de conviction qui n'utilisait jamais la langue de bois. Ainsi lorsque l'Assemblée nationale vote l'abolition de la peine de mort, il n'hésite pas à déclarer que « ce jour restera comme la fête des assassins ». Il était enfin un bon vivant, cultivant souvent l'amitié autour d'un « petit canon », tout en fumant son indispensable cigarette. 

Lu dans l'Est-Eclair du 19/08/2013