LES PRINTEMPS DE LA MONARCHIE

 

Extrait du recueil édité par l'association des "Amis du château" à l'occasion du spectacle 1 992 : 3ème époque: "Les printemps de la monarchie"

 

Présentation du tableau:

Nombreux sont les grands seigneurs à se déclarer maîtres en leur domaine car, pendant la guerre de Cent Ans, ils ont repris la mauvaise habitude de ne plus obéir à leur souverain.

 

Le plus redoutable d'entre eux est le duc de Bourgogne, Charles-le-Téméraire, que son cousin Louis XI doit combattre surtout s'il veut, de son propre aveu, connaître son royaume "comme un bon jardinier son jardin".

Or, le Téméraire possède de très riches provinces, tant en Flandre qu'aux Pays-Bas, sans oublier l'Artois, la Picardie et la Bourgogne.

Et comme Vendeuvre est située à la frontière, notre château, qui appartient au duc Charles de Mello, est devenu le repaire des Bourguignons, pied-à-terre commode pour une future annexion de la Champagne.

Toutefois, Louis XI, qui entend bien agrandir son royaume, ne l'entend pas de cette oreille. Contrairement à son habitude, qui est de ne jamais attaquer son adversaire en face, mais plutôt de lui opposer un ennemi, il envoie son armée à Vendeuvre afin de "prendre" le château.

Après plusieurs semaines de siège, les troupes royales concentrent leur effort sur la porte sud, tout en créant une diversion porte nord.

L'adresse des arbalétriers, la violence des canons, et la vaillance des assaillants ont raison des Bourguignons.

Charles de Mello, lui-même, dépose les armes devant son château en flammes.

Ainsi, le mythe des Grands Ducs d'Occident, qui consistait à faire de la Bourgogne le centre d'un Royaume, qui s'étendrait entre le Rhin et la France d'alors, vient-il d'échouer.

Comme quoi la témérité n'est pas toujours facteur de réussite.

 

Néanmoins, il est vrai que Louis XI, que l'on dépeint sous les traits d'un affreux personnage, fut un grand roi.

Quel curieux personnage en effet!

Son nez est long, ses paupières sont lourdes, son cou est celui d'un taureau et son air est maussade. De constitution chétive, il a des jambes grêles et un peu tordues.

Il est si mal vêtu et si mal coiffé avec son chapeau mou, que, dans les rues, l'on se demande bien s'il s'agit du roi, car "cheval et habillement, il n'y en a pas pour vingt francs!"

Nerveux et agité, son caractère est singulier. Capable d'avaler trente-six ailes de poulets à son repas, il se croit toujours près de mourir.

Il donne de l'argent à des ermites pour qu'ils demandent à Dieu de prolonger sa vie. Lui-même se met à genoux devant son chapeau, où sont fixées des images de plomb représentant des saints et des saintes.

Comme il a toujours peur d'être assassiné, malheur à celui qui veut pénétrer sans son autorisation dans son austère château de Plessis-les-Tours. S'il ne tombe pas dans un piège à loups, il est fait prisonnier par les archers, qui le pendent aux branches des arbres.  

Il pardonne rarement à ses ennemis et l'évêque de Verdun, Guillaume de Haraucourt, qui demeura prisonnier quatorze ans dans une cage de fer, doit encore s'en souvenir outre-tombe.

 

Par contre, son cousin, Charles-le-Téméraire est tout autre.

Il affectionne les beaux châteaux, les belles peintures et les vêtements luxueux.

Hélas! Son ambition démesurée le conduira à sa perte. Car, c'est dans la boue glacée, au pied des remparts de la ville de Nancy, que l'on retrouvera son cadavre, à moitié dévoré par les loups!                                                                                                                                                                                                                           

Pour en revenir à Louis XI, le bilan de son règne est positif: avec lui, la France s'est agrandie et s'est enrichie.

 

Plus tard, sous Louis XIII, l'action de Richelieu, au lendemain des troubles de la Régence, et celle de Mazarin pendant et après la Fronde, rétablirent et affermirent l’État et l'autorité du roi... préparant ainsi la monarchie absolue de Louis XIV.

Pourtant, comme Louis XI, Louis XIII dut lutter contre les grands vassaux, les ducs Charles IV de Lorraine et Roger II de Bourgogne – mais également contre sa famille – qui ne veut pas abandonner la Régence et Gaston d'Orléans, son frère, réfugié à Nancy.

 

Ce sont autant de problèmes qui agitent l'esprit du roi lors de son séjour à Vendeuvre.... Toutefois, Marguerite-Charlotte, belle-sœur du duc de Luynes, son hôtesse, déploiera des trésors d'imagination, afin de rendre agréable le séjour du royal personnage en son château.

Ainsi, en quittant Vendeuvre, son altesse emportera-t-elle en sa mémoire, l'image des couples évoluant sur les bords de la Barse, à l'occasion du bal qui y a été donné.

Et nous, Vendeuvrois, sommes fiers d’avoir occupé une toute petite place dans l'esprit d'un visiteur qui, avec son ministre Richelieu, a su poser, face à l'Europe (déjà!) les bases de la grandeur française.

 

Nouvel extrait du spectacle édité par l'association des "Amis du château" à l'occasion du spectacle 1 992 : 3ème époque: "Les printemps de la monarchie"

 

 

Le siège du château:

 

Scène 1: Préliminaires de bataille

 

Le Récitant: (sur fond de bataille)

Ils s'appellent Charles tous les deux; ils sont Ducs et ils caressent la même ambition: étendre le Duché de Bourgogne jusqu'au Rhin en annexant la Champagne.

Aussi se font--ils appelés les "Grands Ducs d'Occident".

L'un a pour nom "Le Téméraire", l'autre, "De Mello", l'actuel propriétaire du château de Vendeuvre – un château qu'il ne fait pas bon visiter en cet an de grâce 1 473, car les Bourguignons retranchés à l'intérieur, commencent à ressentir les affres d'un siège qui dure depuis de longues semaines.

L'auteur du siège...? Sa majesté Louis XI, qui ne supporte pas qu'on lui dispute le pouvoir...

 

Mais aujourd'hui n'est pas un jour comme les autres. Pressés d'en finir, les officiers de l'arémée royale viennent de passer à l'action.

C'est la raison pour laquelle une batterie de canons a été installée porte nord pour faire diversion. Cependant, l'essentiel de l'effort portera sur la façade sud, plus propice à un assaut d'envergure. 

 

Scène 2: L'assaut

Grimpées sur des échelles, les troupes de Louis XI escaladent la muraille....

 

Scène 3: La prise du château

(– embrasement du château.)

 

Le Récitant:

Le duc de Mello vient de déposer les armes. Toutefois, si le château est la proie des flammes, le mythe des "Grands Ducs d'Occident", quant à lui, est bien éteint.

(– Reddition du Duc de Mello.)

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Le Récitant:

(– sur fond de château en flammes.)

Conformément aux dispositions royales, la garde de la place sera confiée aux Troyens du Capitaine Hugues Regnost, à charge pour eux de l'entretenir en provisions de bouche et de munitions de guerre, dans l'intérêt de la cause victorieuse.

 

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Le Récitant:

Enfin, c'est en 1 474 que Louis XI enverra Pierre Péricart, un des huissiers de son hôtel, pour hâter la démolition  de cet ouvrage.

Heureusement, pour la suite de  notre histoire, l'intention royale ne sera réalisée qu'en partie.

Ainsi, notre château aura-t-il encore à affronter bien des turbulences...

C.M